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L'étude Euromosaic
Les autres langues en Lituanie
- Le biélorusse
- L'allemand
- Le yiddish
- Le karaim
- Le romani
- Le tatare
- L’ukrainien
1. Le biélorusse
Au même titre que le russe et l’ukrainien, le biélorusse [Belaruskaja mova]
appartient au groupe slave oriental de la branche slave des langues
indo-européennes. Il commença à développer en tant que langue distincte aux
14ème et 15ème siècles. Quand le territoire sur lequel le biélorusse est
aujourd’hui en usage devint lituanien, les Lituaniens adoptèrent la langue
administrative du Kievan Rus, une langue qui acquit avec le temps de plus en
plus de caractéristiques locales. Cette langue, qui est parfois appelée
veux-biélorusse, devint moins importante avec la création de l'association
polonais-lituanien, et fut progressivement remplacée par le polonais. Le
biélorusse moderne est essentiellement un produit du 20ème siècle. Cette langue
n’est pas une évolution du vieux-biélorusse, et elle est beaucoup plus proche de
la langue populaire que, par exemple, le russe. Elle possède donc beaucoup moins
de « vieux-slavismes ». Du temps de la République Soviétique biélorusse, le
biélorusse était une des langues nationales. On peut considérer les années 20 et
une partie des années 30 comme l’âge d’or du biélorusse moderne. De la fin des
années 30 jusqu’aux années 90, le biélorusse fut progressivement évincé par le
russe dans tous les domaines de la vie : l’éducation, les journaux, la
publication de livres, la politique, l'administration des partis, etc. Le russe
devint donc la langue cultivée, alors que le rôle du biélorusse fut réduit à
celui d'une langue minoritaire, et plus ou moins rurale. Au milieu des années
80, un mouvement pour promouvoir la langue biélorusse s'est développé, et le
biélorusse est devenue la langue officielle. Ce statut a été confirmé par la
Constitution (1994) de l’état de Biélorussie nouvellement indépendant (1991),
mais en mai 1995, suite à un référendum, le russe a été rétabli comme deuxième
langue officielle dans la Constitution modifiée (1996). Ceci reflète une
situation plus générale, on évalue à seulement 75% le nombre de tous les
Biélorusses (y compris ceux qui habitent en dehors de la Biélorussie) qui
parlent la langue, le reste ayant adopté le russe.
Le pays qui est aujourd’hui connu sous le nom de Biélorussie a fait partie du
Grand Duché de la Lituanie à partir du milieu du 13ème siècle, et les
Biélorusses furent présents dans le Grand Duché de Lituanie depuis le Moyen Âge.
On nota une intensification des vagues d'immigration après la Deuxième Guerre
mondiale. Dans le Grand Duché de Lituanie, le biélorusse fut utilisé dans les
documents administratifs officiels du 14ième au 17ième siècle. Après l’Union
entre la Pologne et la Lituanie en 1596, le Polonais évinça le biélorusse. En
1697, le polonais devint la seule langue administrative lors de l'association
polonais-lituanien. A la frontière entre la Lituanie et le Biélorusse il existe
une zone de transition assez floue entre l'aire linguistique biélorusse (slave
orientale) et l'aire linguistique lituanienne (balte orientale), où des contacts
linguistiques intensifs (et compliqués) eurent lieu, et qui coïncide plus au
moins avec le centre historique du Grand Duché de Lituanie. Au cours de
l’histoire, s’est développée une « langue locale » (un mélange de biélorusse, de
lituanien et de polonais), qui est utilisée par les personnes se considèrant
comme les gens du pays (tuteishy; c’est-à-dire ni comme des Biélorusses ou des
Lituaniens). Il faut bien distinguer ces derniers des Biélorusses, qui
immigrèrent vers la Lituanie au 20ème siècle. Ce sont généralement les
Biélorusses qui apparaissent dans les statistiques officielles, contrairement
aux « gens du pays » qui considèrent le polonais comme étant plus prestigieux
que leur propre langue, ils s'efforcent de développer la langue biélorusse.
Etant donné qu’il est impossible d’obtenir des données complètement
objectives sur la classification linguistique des Biélorusses, il faut tenir
compte des chiffres du recensement avec de grandes précautions.
D’après le recensement de 2001, les 42.866 Biélorusses habitant en Lituanie
constituent 1,2% de la population totale. La concentration la plus importante de
Biélorusses se trouve dans les villages et les petites villes au sud, au
nord-ouest et au nord-est de Vilnius ainsi que dans les régions qui ont des
frontières communes avec la Biélorussie. Nombre de Biélorusses habitent
également dans la région de Klaipėda.
Au cours de l’année scolaire 2003-2004, il existait à Vilnius une école ayant
le biélorusse comme langue d'enseignement (L'école secondaire Pranciskus Skorina).
A l’école secondaire Ateities (l’Avenir) à Visaginas, il y a des cours en
biélorusse et à l’école secondaire Šalčinkai il existe un groupe préscolaire en
russe et des cours facultatifs de biélorusse. On peut aussi apprendre le
biélorusse à l’école du dimanche à Visaginas. En 1991, une chaire de langue,
littérature et la culture biélorusses a été créée à l'Université Pédagogique de
Vilnius, avec le but de former des enseignants pour les écoles lituaniennes
biélorusses. Le département de philologie slave à l'Université de Vilnius est
habilité à décerner la maîtrise de biélorusse.
Avant la domination soviétique, La vie culturelle biélorusse florissait à
Vilnius. Actuellement cette situation se rétablit petit à petit en Lituanie. En
1988, le Fonds Culturel Lituanien a fondé la première organisation biélorusse.
Il y existe maintenant 22 organisations socioculturelles, dont le but est de
promouvoir les traditions, la culture et la langue biélorusses; on peut citer,
entre autres, l’Association des Organisations Publiques des Biélorusses
Lituaniens, la Société Culturelle Biélorusse, la société Siabryna et la Société
des Prisonniers Politiques et Déportés de Vilnius. Chaque année, la Communauté
des Biélorusses Lituaniens organise des expositions, des colloques, des concerts
et d’autres manifestations.
Il y a des émissions quotidiennes en biélorusse à la radio nationale
lituanienne. Il existe une émission biélorusse à la télévision nationale. Trois
revues mensuelles sont publiées en biélorusse: Run= Nasa storonka et Arche. Les
deux publications trimestrielles biélorusses publiées en Lituanie sont Belaruski
gistarychny ogliad et Fragmenty.
Des recherches menées dans les années 90 ont montré qu’environ la moitié des
Biélorusses parlent le biélorusse comme langue maternelle. Il n’y a pas de
données récentes disponibles sur la transmission du biélorusse entre les
générations, mais les experts considèrent que la plupart des Biélorusses sont
bilingue biélorusse-russe.
2. L'allemand
L’allemand [Deutsch] est une langue indo-européenne qui appartient au groupe
des langues germaniques. Puisqu’il appartient à la branche germanique
occidentale des langues germaniques, il est étroitement lié au néerlandais, à
l’anglais, au frison et au yiddish. Il est parlé par environ 81,5 millions de
personnes en Allemagne, par plus ou moins 7,6 millions en Autriche et environ
4,2 millions en Suisse.
Au 13ème siècle, les Allemands s’installèrent en Prusse orientale et dans le
territoire de Klaipėda (Memel), suite aux conquêtes de l’Ordre Teutonique. Ces
régions demeurèrent sous l’autorité allemande jusqu’à leur intégration au
territoire de la République de Lituanie en 1923. Aujourd’hui les Allemands
représentent environ 0,1% de la population totale.
Au courant de l’été de 1988, lorsque les Lituaniens commençèrent à envisager
l’indépendance, ceci ne fut pas sans effets sur les autres communautés habitant
en Lituanie. Des citoyens de différentes nationalités commencèrent à raviver
leurs propres organisations culturelles. En avril 1989, fut créée l’Association
Culturelle Lituanienne et Allemande, regroupant les Allemands locaux et les
Lituaniens d'origine allemande. À la fin de 1989, on fonda à Klaipėda l’Association
« Richard Wagner », afin de promouvoir la musique et le théâtre professionnel. À
part l’Association Culturelle Allemande et Lituanienne, il existe aussi l’Union
des Allemands lituaniens qui unie six organisations allemandes de Vilnius,
Ignalina, Visaginas, Šiauliai, Tauragė et Jurbarkas. Les Allemands russes qui
arrivèrent de l'ex-Union soviétique prédominent dans cette organisation. En
1993, a été fondée en Lituanie la Confédération des Organisations Allemandes.
Neuf organisations de Kaunas, Jurbarkas, Šakiai, Elektrėnai, Kėdainiai, Jonava,
Prienai, Vilkija, et Vilkaviškis se sont fédérées en une organisation. Le siège
de la confédération est à Kaunas. Les Allemands de la région de Klaipėda (Memelenderiai)
forment le Heide de Šilutė et l’Association des Allemands de Klaipėda. Heide,
avec ses 924 membres, est la plus grande de toutes les organisations. Dans la
vieille ville de Klaipėda, il y a un Centre de rencontres ‘La Maison de Simon
Dach’ qui aide les Allemands a sauvegarder leur identité et leurs traditions
nationales, contribue à la compréhension entre les Lituaniens et les Allemands,
et organise des programmes éducatifs et culturels. Klaipėda est le siège de l’Association
des Allemands de Klaipėda (fondé en 1991). L’association Edelweiss-Wolfskinder
(située à Vilnius avec des bureaux à Klaipėda, Šiauliai, Tauragė, Marijampolė,
Jurbarkas et Kaunas) unit les personnes de Prusse orientale qui trouvèrent asile
en Lituanie après la guerre pendant la période de disette. Actuellement, 28
organisations publiques allemandes sont actives en Lituanie. Le Centre de
Coordination de l’Information de l’Association des Allemands Lituaniens, fondé
en 1996, fédère ces organisations.
Les Allemands locaux essayent de maintenir leur identité, non seulement au
moyen des organisations culturelles, mais aussi des écoles, des journaux
allemands et de la religion. La presse allemande en Lituanie comprend la
publication mensuelle Baltische Rundschau (en allemand et en russe), le mensuel
Deutsche Nachrichten in Litauen (publié en allemand et en lituanien), une
publication trimestrielle Miteinander et une publication irrégulière Gyvenimas.
Chaque année, l’Ambassade allemande en Lituanie invite des enseignants
d’Allemagne et organise des cours de langues pour les personnes d’origine
allemande habitant à Vilnius, Klaipėda, Šilutė et d’autres villes. Une école
allemande fonctionne depuis 1992 (les cours sont centrés sur la langue et la
culture allemande, mais la plupart des cours sont en lituanien). La religion et
l’église jouent un rôle spirituel important pour les Allemands. Il y a deux
groupes religieux allemands en Lituanie : les protestants luthériens et les
protestants réformés. Les sermons sont en allemand à Vilnius, Klaipėda et Šilutė.
Des études menées dans les années 90 ont montré qu’environ la moitié des
Biélorusses utilisent le biélorusse comme langue maternelle. On ne sais pas si
l’autre moitié des Allemands habitant en Lituanie ont réussi à maintenir
l’allemand comme langue maternelle.
3. Le yiddish
Après l’indépendance de la Lituanie, la vie (religieuse) juive en Lituanie a
repris. En 1991, s'est tenue à Vilnius la conférence de la communauté juive (CCJ).
Elle a unifiée tous les Juifs lituaniens et a représenté les intérêts culturels,
religieux et immobiliers de l'ensemble de la communauté juive. Des communautés
religieuses juives et des synagogues commençaient à exercer leur activité à
Vilnius et à Kaunas; on trouve des communautés juives également dans d’autres
villes. Le Musée National Juif développe et prépare des expositions dans la
Grande synagogue de Vilnius. Un événement d'une importance primordiale pour la
communauté juive est la publication de journal mensuel Lietuvos Jeruzalė (‘Le
Jérusalem lituanien’ avec des articles en yiddish, en lituanien, en anglais et
en russe). Une école nationale juive qui met l’accent sur les traditions juives
a été rouverte en 1989. Deux ans plus tard, le Centre d'Etudes Judaïques a
rouvert ses portes. Il travaille en étroite collaboration avec le Centre
d’études du yiddish à Oxford, et avec plusieurs universités d’Europe
occidentale. En 1997, un programme de cours d’histoire a été introduit à l’Université
Kaunas Vytautas Magnus. Aujourd’hui, il existe une association d'universitaires
et d'intellectuels juifs Vilnor, des associations pour les jeunes et les
étudiants, le club de sports Maccabi, et d’autres organisations. En général, la
situation des Juifs s’est améliorée en Lituanie, mais l'émigration vers l’Israël
et les Etats Unis n'a pas cessée. Le taux de naissance, peu élevé dans les
familles juives, ne peut compenser la diminution de la communauté juive causée
par l’émigration et les décès, elle n'est plus aujourd’hui que de 4.007
personnes en Lituanie Des études menées dans les années 90 ont montré qu’environ
la moitié des Juifs Lituaniens utilisent le biélorusse comme langue maternelle.
Il n’est pas clair dans quelle mesure le yiddish ou l'hébreu ont survécu comme
langue maternelle des Juifs lituaniens.
4. Le karaim
Le karaim [Karaj] est une langue turque qui appartient au groupe
Kiptchak-Polovtsy (Altai) et plus précisément au kiptchak occidental. À part en
Lituanie, les Karaims habitent aussi en Crimée, en Ukraine occidentale ainsi
qu’en Pologne, aux Etats Unis et en Roumanie. Le nombre de locuteurs de cette
langue ne dépasse pas les 5.000 dans le monde entier.
L’histoire des Karaims (parfois aussi nommés Karaites) en Lituanie date de la
fin du 14ème siècle, lorsqu'en 1397 et 1398, le Grand Duc Vytautas du Grand
Duché de Lituanie ramena environ 380 familles karaïtes des bords de la mer Noire
à Trakai. À cette époque, le centre politique et administratif du Grand Duché de
Lituanie se trouvait dans la partie sud-est de la Lituanie d’aujourd’hui. Lors
de son expédition sur les bords de la mer Noire (1379-98) le Grand Duc ramena
des colons tatars de confessions religieuses distinctes : islamique et judaïque.
Trois cent représentants du dernier de ces deux groupes furent autorisés à
s'installer à la résidence de Vytautas à Trakai. Plus tard, leur nombre
atteignit les 5.000 personnes. Connus sous le nom de Karaïtes, ils furent
dépassés en nombre par les Tatars islamiques, qui s'installèrent à ou près
d'Ašmena, Vilnius, Trakai, Aukštadvaris, Semeliškės, Butrimonys, Alytus, et
d’autres localités. Dans la conscience populaire, les Karaims ne sont pas
toujours distingués des Tatars.
Le nombre total des Karaims habitant en Lituanie a diminué ces dernières
années. En 1959, il y avait environ 423 Karaims, en 1970 environ 388, en 1979 il
y en avait 352, et 289 en 1989. En 1997, l'Office des statistiques de Lituanie a
mené des recherches ethnostatistiques sur les Karaims. D’après les résultats de
ces recherches, il y avait 257 Karaims en Lituanie : 138 à Vilnius, 65 à Trakai,
10 dans la région de Trakai, 4 à Kaunas, 4 dans la région de Kaunas, 4 à
Panevėžys, 2 dans la région de Panevėžys, 2 à Pasvalys et 1 dans la région de
Radviliškis. Un problème considérable pour les Karaims en Lituanie est le
maintien de la continuité linguistique entre les générations. Le nombre de
locuteurs quotidiens de la langue est évalué entre 30 et 50.
Le karaim est uniquement enseigné dans les écoles du dimanche, et il est
soutenu du point de vue culturel par la Société culturelle des Karaims en
Lituanie (fondée en 1988) et la Société religieuse des Karaims. Ces deux
organisations unifient les Karaims de Lituanie. En 1997, on commémora le 600ème
anniversaire des premières installations des Karaims (et des Tatares) en
Lituanie. Ce qui mené à la publication de plusieurs livres sur les Karaims.
Chaque année, la communauté Karaim organise les Vacances Internationales de la
Culture et des Sports pour les jeunes Karaims, avec le but de les familiariser
avec l'histoire naturelle et la culture de leur peuple. Le patrimoine culturel
et historique des Russes, Juifs, Tatars et Karaims est présenté dans
l'exposition virtuelle suivante : (http://daugenis.mch.mii.lt/paveldas2000/).
5. Le romani
Tout comme le sanskrit, le hindi et le bengali, le romani [Romanes] est une
langue indo-aryenne, qui appartient à la branche indo-iranienne de la famille
indo-européenne. La langue a conservé une grande partie de la morphologie, de la
phonologie et du lexique indo-aryens, alors que sa syntaxe a été fortement
influencée par le contact avec d’autres langues. La dispersion et la
différenciation des Rom depuis leur arrivée en Europe (8ème siècle) ont provoqué
une fragmentation de la langue en groupes distincts. De nos jours, on peut
distinguer les groupes principaux suivants (chacun avec des « sous-variétés »
différentes), qui résultent du contact du romani avec les langues régionales: le
romani du nord (mieux représenté par les chaladytka roma, les Rom russes), le
romani central (mieux représenté par le groupe des Rom hongrois et slovaques,
les ungrike roma) les Rom vlach (mieux représentés par le romani Kalderaš), le
romani Balkan (mieux représenté par les dialectes en Macédoine).
Les Rom sont installés un peu partout en Lituanie. Leur nombre total avait
été évalué à 100 en 1945, mais aujourd'hui le nombre total de Rom vivant en
Lituanie est évalué à 2.571 ( en se basant sur le recensement de 2001), bien que
certaines estimations varient entre 3.000 et 4.000. La communauté rom est
caractérisée par un niveau élevé d’endogamie (97%) et une transmission constante
de la langue (le romani) aux jeunes générations. Un des grands problèmes des Rom
est qu’ils souffrent d’une image de marque négative au sein de la population.
Très souvent, ils sont considérés comme des criminels potentiels. Ces
allégations se retrouvent dans la presse traditionnelle. Cette attitude est
surtout liée à leur taux élevé de chômage et leur fréquentation peu élevée des
écoles. Au courant de l’année scolaire 1996/1997, il y avait 276 élèves Rom dans
les écoles publiques lituaniennes, dont 125 abandonnèrent leurs études cette
même année scolaire. Ces taux d’abandon élevés sont liés au fait que la plupart
des élèves Rom ne parlent que le romani, ne maîtrisent pas assez Lituanien pour
pouvoir suivre des cours dans cette langue et ne peuvent pas fréquenter des
classes rom puisqu'ils subissent souvent des échecs. Le taux de chômage est plus
élevé que la moyenne nationale, et plus élevé que celui des autres groupes
minoritaires. Puisque le taux de chômage est élevé, les Rom qui n’ont pas fait
la demande en vue de l'obtention de la citoyenneté avant 1991 ne remplissent
plus les conditions, plus sévères, d'après 1991 (dix ans de résidence, un emploi
permanent, examen des connaissances de la langue lituanienne, examen de la
connaissance des dispositions de la Constitution), et par conséquent, ils
demeurent sans citoyenneté, même aujourd'hui.
Afin d’améliorer les conditions peu favorables de la population rom, la
Fondation pour le Développement de l’Education a organisé des stages d’été pour
les enfants et des cours pour les enseignants de romani. Le Fonds pour les
Enfants Lituaniens a organisé des projets sur les problèmes sociaux en faveur
des Rom (1994-2004), et le projet Phare Lien « Centre Communautaire pour les Rom
Kirtimai » s'est concentré sur l'enseignement maternel des Rom, les activités
artistiques rom, des ateliers internationaux sur la situation sociale,
économique, juridique, éducative et culturelle en Lituanie (2000-2002). Une
impulsion importante pour l'amélioration de la situation générale des Rom en
Lituanie a été fournie par le Programme en vue de l’intégration des Rom dans la
société lituanienne pour 2000-2004, approuvé par le gouvernement lituanien en
2000. Pourtant, ce programme est critiqué par les Rom et il souffre de deux
graves inconvénients. Tout d’abord, il a été développé sans consultation
préalable des Rom. Ensuite, le programme ne reconnaît pas suffisamment
l’existence de la discrimination.
Les ONG rom actives comprennent Romano Dzhiyipe (‘La vie rom’, fondée en
1995), Romani Yagory (Feu de camp rom, 1997), Romen (1998), l’Union
communautaire des Rom 'Mission des Rom (1999). Cette dernière a été créée en
tant qu’organisation nationale avec le but de soutenir et de coordonner les
activités des ONG des Rom (actuellement six ONG en sont membres). Toutefois, il
n’y a aucune organisation unique qui représente l'ensemble de la population rom
présente en Lituanie. Les organisations rom ont joint leurs efforts sur les
questions qui concernent la communauté entière, mais souffrent parfois de
disputes internes ou affichent des opinions divergentes en ce qui concerne, par
exemple, la manière de transcrire le romani. La langue lituanienne a récemment
été présentée (2004) au Centre communautaire rom à Kirtimai, Vilnius (non loin
de la plus importante concentration de Rom en Lituanie), ce qui a apparemment
beaucoup contribué à améliorer le degré d’alphabétisation des enfants Rom.
6. Le tatare
La communauté tatare s’installa en Lituanie au 13ème et 14ème siècle. Les
premiers colons Tatars furent amenés en Lituanie en tant que prisonniers à
l’époque de Mindaugas et Traidenis dans la deuxième moitié du 13ème siècle. Plus
tard, les Grands Ducs lituaniens Gediminas, Algirdas et Kęstutis se battirent
contre les chevaliers teutoniques avec l’aide de mercenaires Tatares qui
s'installèrent avec leurs familles et se virent accorder des terres et des
privilèges. Pourtant, c'est le Grand Duc Vytautas (1392-1430) qui fixa la
majorité des Tatars en Lituanie . Lors de sa marche jusqu’aux steppes du
Kiptchak en 1397, les soldats lituaniens firent prisonniers des milliers de
Tatars. On pense qu’au 16ème siècle, environ 3.000 à 4.000 Tatars habitaient en
Lituanie. Les plus grandes colonies se trouvaient dans les régions de Trakai,
Vilnius et Ašmena. Pendant longtemps, les Tatars préservèrent leurs coutumes,
leur foi et leur langue. Mais à partir du 16ème siècle, ils commencèrent à
renoncer à leur langue et adoptèrent peu à peu la langue des groupes ethniques
qui les entouraient. L’assimilation linguistique la plus importante ( en
adoptant surtout le Biélorusse) commença au 18ème siècle. Au milieu du 19ème
siècle, certains intellectuels passèrent à l'usage du russe et du polonais.
Il existe très peu de statistiques concernant la communauté tatare. On
enregistra un nombre total de 4.500 Tatars sur le territoire de la Lituanie lors
du recensement de 1879.Malheureusement il ne ressort pas de ces chiffres combien
d'entre eux étaient des Tatars lituaniens. Sous la domination soviétique, aucun
recensement des Tatars lituaniens n’a eu lieu, mais selon certaines estimations
leur nombre (en ce qui concerne la Biélorussie et la Lituanie) aurait été de
7.000 à 8.000. Le recensement lituanien de 1989 a indiqué 5.188 Tatars. D’après
le dernier recensement, il y actuellement 3.235 Tatars habitant en Lituanie
(surtout dans les régions de Visaginas, Vilnius, Kaunas et Alytus). La plupart
d’entre eux ne savent plus parler le tatar [tatar tele/tatarça]. D’après les
mêmes sources, seulement environ 500 d’entre eux le parlent tous les jours. Ceci
pourrait être une conséquence des efforts de revitalisation du tatar.
Aujourd’hui, les écoles du dimanche à Vilnius et Visaginas (au total il y a
environ 8 écoles du dimanche en Lituanie) se consacrent à la promotion du tatar.
Il faut aussi noter qu’il y a un Centre pour les Cultures sans Etat à l’Université
de Vilnius (où ont lieu des cours sur le tatar). Le Centre de la Culture
Orientale (fondé en 1992 à l’Université de Vilnius) collecte des documents sur
l’influence des cultures nationales orientales sur la culture lituanienne.
Les Tatars ont commencé à publier en 1995 une revue mensuelle (Lietuvos
totoriai) en lituanien (avec certaines parties en russe). Deux fois par mois (le
premier et le troisième samedi du mois), la radio nationale lituanienne diffuse
une émission de 30 minutes (avec un auditoire de 500 à 600 personnes ; et à
Visaginas on peut recevoir une chaîne de télévision commerciale du Tatarstan.
On veille à entretenir les coutumes tatares dans le cadre de festivals
culturels et il existe une collaboration avec des sociétés tatares étrangères.
En 1988, le Fonds Culturel Lituanien a fondé l’Associations des Tatars
Lituaniens. La tâche principale de cette organisation était de rénover ou de
construire des mosquées, et de ranimer la vie sociale tartare. En 1994, elle a
été réorganisée pour former deux organisations sociales séparées: l’Union des
Communautés Tatares Lituaniennes, qui organisent des stages d’été ainsi que des
leçons de religion, et la communauté des Tatars lituaniens des Terres de Vilnius
En 1997, on a commémoré le 600ème anniversaire des premières installations des
Tatars (et des Karaims) en Lituanie.
7. L’ukrainien
L’ukrainien [ukrajins’ka mova] est une langue slave orientale qui est
étroitement liée au russe et au biélorusse, avec lesquelles elle forme la
branche slave orientale du groupe slave des langues indo-européennes.
L’ukrainien s'est développé comme langue distincte au cours du 14ème siècle sur
base des dialectes du sud-ouest du slave oriental médiéval. La langue écrite
ukrainienne n'a pris de l'importance qu’à la fin du 18ème siècle. L’alphabet
traditionnel est cyrillique. Le nombre de locuteurs de l’ukrainien est
aujourd’hui d'environ 45 millions de personnes réparties un peu partout dans le
monde. La plupart d’entre eux habitent en Ukraine (environ 37,4 millions, soient
70,5% de la population du pays).
D’après le recensement de 2001, 22.488 personnes en Lituanie se considèrent
comme étant ukrainiennes (comparé aux 44.789 du recensement de 1989). Surtout
dans les années 90, le nombre d’Ukrainiens a diminué par suite du manque
d’emplois et du processus de désindustrialisation, qui ont poussé les
travailleurs temporaires à rentrer dans leur patrie. Environ 90% des Ukrainiens
de Lituanie habitent dans les plus grandes villes, surtout dans la région du
sud-est. Des recherches dans les années 90 ont montré qu’environ la moitié des
Biélorusses utilisent le biélorusse comme langue maternelle.
La première école ukrainienne, l’école du dimanche T. Shevchenko, commença à
fonctionner dans la Maison des Enseignants de Vilnius en 1989. Actuellement, il
y a cinq écoles du dimanche (à Vilnius, Kaunas, Klaipėda, Visaginas et Jonava).
Les enfants apprennent leur langue, et le programme scolaire comprend l’histoire
et la géographie de l’Ukraine ainsi que des chansons ukrainiennes. En 1995, la
première classe où les enfants ont pu suivre l'enseignement entièrement en
ukrainien a été ouverte à l'école secondaire A. Vienuolis à Vilnius. Chaque
année, deux ou trois Ukrainiens étudient dans des universités en Ukraine.
La communauté ukrainienne maintient sa culture nationale surtout à travers
des groupes de danse et des groupes folkloriques, et aussi à travers un certain
nombre d’organisations plus grandes. En 1989, fut créée la Communauté
ukrainienne de Vilnius ; elle rassemble maintenant les sociétés ukrainiennes de
Vilnius, Kaunas, Klaipėda, Jonava et Visaginas. Elle a beaucoup de contacts avec
l’Ukraine. L’Association des Ukrainiens Lituaniens a été fondée en 1992, et en
1997, deux centres culturels ukrainiens ont été créés :l'un à Vilnius, l'autre à
Visaginas. Au total, il y a 19 organisations non gouvernementales ukrainiennes
en Lituanie, y compris l’Association des Femmes Ukrainiennes et l’Association
des Ukrainistes Lituaniens. La plupart des organisations maintiennent des
relations avec leur patrie historique. À part les organisations non
gouvernementales, de nombreux groupes d’art ukrainiens participent de manière
active aux festivals comme lors des Journées de la Culture de la Communauté
Ukrainienne.
À part les organisations culturelles, les médias participent aussi à la
promotion de la langue et de la culture ukrainiennes. Il existe aussi un journal
ukrainien publié par l’Eglise: Parafialne Slovo. Les livres et les autres
publications ukrainiennes sont disponibles dans les bibliothèques. La radio
publique lituanienne diffuse deux fois par mois une émission de 20 minutes en
ukrainien. Il est également possible d'écouter l'émission ukrainienne sur BBC
World Service. La télévision publique lituanienne diffuse une émission de 10
minutes une fois par semaine (au cours des années, la durée a été reduite de 30
minutes à 20, et elle est maintenant de 10 minutes). Les chaînes de télévision
locales à Jonava et à Visaginas ont aussi des émissions en ukrainien. La Radio
T, crée par le Centre Culturel Russe, traduit une émission en ukrainien chaque
dimanche. Certains ont l'occasion de regarder des émissions en provenance
d’Ukraine.
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