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Au Mali, les liaisons dangereuses entre l’Etat et les milices

Sous le couvert de la lutte antiterroriste, Bamako est soupçonné de soutenir certains groupes d’autodéfense. Une stratégie qui n’est pas nouvelle.

Publié le 24 juillet 2018 à 11h15, modifié le 24 juillet 2018 à 11h26 Temps de Lecture 5 min.

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Deux soldats maliens patrouillent à Gao, en février 2017.

« Nous allons désarmer les milices. C’est le début de la réconciliation. » En tournée dans le centre du pays, fin mars, les mots du premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, redonnent espoir à des populations qui, depuis plusieurs mois, ne cessent de compter leurs morts. Entre avril et juin, au moins 43 civils ont été tués dans le centre, lors d’attaques ciblées et de conflits intercommunautaires, selon le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies sur la situation au Mali, publié le 6 juin.

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Ces conflits opposent surtout des éleveurs peuls aux cultivateurs dogon et aux Dozo, des chasseurs traditionnels. Des milices sont désignées comme responsables par les deux parties : Dan na Amassagou, qui défend les Dogon, est pointé du doigt par les Peuls, tandis que les Dogon accusent les Peuls de l’Alliance pour le salut au Sahel (ASS).

Ces dernières semaines, les rumeurs enflaient quant à un supposé soutien de l’Etat à la milice Dan na Amassagou. Pour lutter contre un terrorisme qui s’étend au centre du Mali, et qui y est incarné par un prédicateur peul nommé Hamadoun Koufa, l’Etat soutiendrait la partie adverse. « Ce n’est pas réel. L’Etat n’a pas vocation à créer ou à soutenir une milice. Son rôle est d’assurer la sécurité des populations et de combattre ces milices », affirme avec vigueur le colonel major Ismaïla Deh, conseiller technique au ministère de la sécurité.

Le 7 juillet, les forces de sécurité pénètrent à Kanou Kombolé et tentent de désarmer des éléments de Dan na Amassagou. En vain. « Si l’Etat veut désarmer, il faut qu’il prenne ses responsabilités et assure au préalable la sécurité », tranche David Tembiné, le coordinateur de la milice. A la suite de ce refus, des centaines de motos auraient été incendiées, selon des sources locales. Le colonel major Ismaïla Deh « ne peut pas confirmer ces informations », et parle de « heurts entre les forces de sécurité et certains éléments ».

« Tout échappe à l’Etat »

Cette situation pose la question du contrôle qu’il est possible d’exercer sur ces groupes armés locaux. « L’Etat a tenté de désarmer les Dan na Amassagou pour faire taire les rumeurs de son soutien à cette milice et parce qu’il sent que le contrôle sur ce groupe lui échappe », assure une source sécuritaire internationale.

Pour l’ancien général Moussa Sinko Coulibaly, par ailleurs candidat à la présidentielle du 29 juillet, les liaisons dangereuses entre l’Etat et les milices soulignent les défaillances de l’armée malienne. Une armée qui, malgré les réformes sur le papier, n’arrive pas à être pleinement efficace sur le terrain : « L’Etat pensait qu’avec des milices, il pouvait régler le problème du Nord. Mais là, tout lui échappe, avance le candidat. Si on avait continué à réformer l’armée en 2013 au lieu de miser sur des milices, il n’y aurait pas eu cette détérioration de la situation. Aujourd’hui, il y a une déconnexion entre la haute hiérarchie et les soldats. Elle est totalement corrompue. Il faut couper les têtes pour en laisser pousser de nouvelles. Et agir sur la formation, qui n’est pas suffisante. »

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