NÉCROLOGIE
P. P. Panaitescu (1900-1967)
Le 13 novembre 1967, dans une clinique de Bucarest, le professeur P. P. Panaitescu lança un dernier défi au destin qui, durant son existence éprouvée, l'avait tant de fois déçu jusqu'alors. Ce défi lui coûta la vie : l'opération au cerveau, qu'il a lui-même réclamée comme le seul remède immédiat contre l'infirmité qui l'affligeait depuis plusieurs années, l'emporta dès le lendemain de l'intervention. La Roumanie perdait en P. P. Panaitescu le meilleur historien contemporain de ses institutions et un slavisant de premier ordre.
Né le 13 mars 1900, P. P. Panaitescu a connu une existence toute de labeur, de réalisations étonnantes et de malchance. Jamais travail de fond n'a été récompensé de si peu de satisfactions et jamais homme compétent et dévoué à sa tâche n'a connu si peu de gloire. Pour avoir produit près de 200 travaux, dont 25 livres, tous nourris de recherches personnelles et animés d'une pensée originale, P. P. Panaitescu n'a été ni académicien, ni directeur d'une haute institution culturelle, ni représentant attitré des sciences historiques roumaines dans les Congrès internationaux ou dans les réunions scientifiques de l'étranger. Accueilli par l'Université de Bucarest aussitôt après la fin de ses études, comme maître de conférences, il a dû attendre plus de dix ans pour être promu professeur titulaire, et n'a été délégué que trois fois à un Congrès international (à Prague, en 1929, à Athènes, en 1932, et à Sofia, en 1963). D'où lui est venu cet ostracisme? Un peu de son caractère fermé et intransigeant, un peu de ses convictions politiques, un peu des polémiques que suscitaient ses travaux, toujours nouveaux, toujours en flèche par rapport aux solutions admises et, par conséquent, souvent contestables. Un homme d'apparence amène et pourtant de commerce difficile. Un homme modeste et pourtant sûr de lui, trop sûr et trop dur parfois, jusqu'à braver les convenances les plus simples. On lui a passé difficilement tel article écrit par lui à la mort tragique de N. Iorga, son ancien maître...