LES
ARTISTES RUSSES À PARIS AU XVIIF SIÈCLE,
PAR
LOUIS RÉAU.
Pierre le Grand, qu'on retrouve à l'origine de toutes les institutions de la Russie moderne, avait déjà songé à compléter l'instruction des artistes par un séjour à l'étranger. Mais il croyait encore à la supériorité de la Hollande et de l'Italie. Aussi est-ce dans ces deux pays qu'il envoya ses premiers pensionnaires : les peintres Matvëev et Nikitin à Amsterdam, l'architecte Zemcov à Venise. La France ne reçut qu'un graveur Etienne Korovin qui burina le portrait du tsar d'après Garavaque et qui de retour en Russie fut attaché à l'Académie des Sciences en qualité d'interprète pour la langue française.
Il fallut attendre la fondation de ['Académie des Beaux-Arts de Pétersbourg, qui eut lieu en 17^7, pour qu'on songeât à renouveler cette expérience. Entre temps l'hégémonie artistique de la France était devenue incontestable. C'est donc à Paris que le comte Ivan Su- valov décida d'envoyer en 1760 deux des meilleurs élèves de l'Académie : ľarchitecle Bazénov et le peintre Losenko.
Les statuts élaborés par Beckij et contresignés par Catherine II en 176 /í établirent celte institution sur des bases solides (1). Un des articles prescrit l'envoi régulier, tous les trois ans, de douze artistes choisis parmi ceux qui auront remporté des médailles. Les deux centres d'études obligatoires sont Paris et Rome, sans que l'ordre de séjour dans ces deux villes soit nécessairement invariable. Les pensionnaires à l'étranger (заграничные пенсіонеры) doivent rédiger tous les quatre mois un rapport sur leurs travaux et, à l'ex-
Ш Privilèges et règlements de l'Académie impériale des Beaux-Arts.
Revue des Etude* tlavei, tome III, 193З, fasc. 3-4.