Une famille de peintres-verriers parisiens LES PINAIGRIER

Aucune famille, semble-t-il, n'a autant profité de la disparition de l'état civil parisien que celle des Pinaigrier : le nombre de ses membres n'a cessé de croître au fil de publications cherchant à concilier le témoignage des historiens de l'époque classique avec les quelques actes relevés avant l'incendie de 1870 par Jal, Guiffrey ou Laborde1. L'exemple avait été donné, il est vrai, dès la fin du xvine siècle par Le Vieil ; celui-ci, le premier, avait laissé libre cours à son imagination, en assignant un prénom au « bon » Pinaigrier dont Sauvai vantait les mérites2. Ainsi était née la légende de Robert Pinaigrier qui, parisien ou chartrain selon les auteurs, se vit peu à peu accorder les plus helles verrières que la Renaissance avait produites dans le Bassin parisien et les pays de Loire. Cependant, plus d'un siècle séparant certaines de ces œuvres, il fallut bientôt admettre l'existence d'un second Robert Pinaigrier, fils du précédent. D'autres attributions fantaisistes obligèrent à dédoubler de la sorte plusieurs membres de la dynastie3. Jean Lafond fut le premier à réagir contre cette inflation : reprenant tous les écrits antérieurs, il put conclure à la totale inconsistance du mythe de Robert Pinaigrier4. Sur ses pas, et à la lumière de nouveaux documents découverts au Minutier central des notaires parisiens, il convenait de rétablir la généalogie de cette famille et de préciser le rôle — bien réel cette fois — qu'elle joua pendant près d'un demi-siècle dans la peinture sur verre parisienne.

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