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Le Graal de Chrétien de Troyes

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COMMUNICATIONS

LE GRAAL DE CHRÉTIEN DE TROYES, PAR M. MARIO ROQUES, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.

Graal apparaît, dans le Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien^ comme un nom commun.

Chrétien n'a eu besoin ni de l'inventer, ni de l'emprunter comme un mot étranger ou exotique.

Il le trouvait dans le langage de son temps, langue littéraire ou langue parlée, car il existe encore dans les parlers de la France centrale ou nord-orientale, aussi bien que dans les parlers méridionaux ou sud-orientaux.

Dans les parlers il désigne des récipients très divers (de terre ou de bois), mais de façon générale larges d'ouverture et assez profonds, donc assez hauts de bords et à fond non convexe mais plat ou surhaussé (seau, terrine, auge, baquet).

Dans les textes anciens graal s'applique à de la vaisselle de table, particulièrement à des plats pour la présentation des mets. C'est le sens qu'indique très précisément la plus ancienne définition que nous donne, au début du xme siècle, Hélinand de Froidmont, et le sens qu'impliquent les exemples du latin médiéval gradalis, exemples dont le plus ancien est du début du xie siècle et dont plusieurs distinguent, par des nombres relatifs, les scutellae qui sont des assiettes pour une ou deux personnes et les gradales, moitié moins nombreux, qui sont des plats pour un plus grand nombre de convives.

Or, pour l'époque même du Perceval, nous avons des représentations figurées de tables riches ; les plats y sont des coupes montées sur pied, assez larges, comme nos compotiers ou nos assiettes mon^- tées.

Ces plats peuvent être de métal précieux.

Le Graal de Chrétien peut donc être pour les auditeurs de Chrétien une assez grande coupe à pied : l'on retrouve ce sens dans l'avey- ronnais grasal. « Cela permettrait de comprendre avec une certaine précision la façon dont le graal est tenu par la demoiselle, qui le porterait « entre ses deux mains », non par les flancs ou par des anses, mais par le pied et la soucoupe ou le piédouche, comme le fait le prêtre à l'autel pour le calice, le ciboire ou l'ostensoir.

Cette coupe pourrait-elle être un calice ou un ciboire, ainsi que le pensent ceux qui interprètent le défilé du graal comme une liturgie, et non pas comme un service cérémonieux de bouche, et qui notent que le graal contient une hostie ? On a objecté que les règles de l'Église ne permettent pas à une femme de porter des vases sacrés ou les espèces eucharistiques.

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