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Les forces de Bagdad reprennent Kirkouk aux Kurdes

Cette opération surprise de l’armée irakienne est une réponse au référendum d’autodétermination organisé fin septembre dans la région autonome du Kurdistan irakien.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 16 octobre 2017 à 16h55, modifié le 17 octobre 2017 à 18h47

Temps de Lecture 4 min.

Les forces irakiennes ont pris, lundi 16 octobre, le contrôle du siège du gouvernorat de la province de Kirkouk sans avoir à affronter les combattants kurdes, atteignant en 24 heures une bonne partie de leurs objectifs dans cette région disputée. Ils y ont également repris, sans quasiment combattre, la quasi-totalité des champs pétrolifères et investi une base et un aéroport militaires.

« La reprise par le gouvernement et le ministère du pétrole de l’ensemble des installations et des champs pétrolifères, ainsi que des stations de pompage et des oléoducs de la province de Kirkouk et dans des zones dites disputées va permettre un retour à l’ordre », a affirmé le ministre du pétrole irakien, Jabbar Al-Louaïbi.

En fait, cinq des six champs de la province de Kirkouk sont désormais sous le contrôle des autorités de Bagdad, qui récupèrent une production, quand elle sera reprise, de plus de 400 000 barils par jour. Jusqu’ici, près des trois quarts étaient exportés par la région autonome du Kurdistan, contre l’avis du pouvoir central.

Le rôle-clé du référendum sur l’indépendance

La riche province de Kirkouk (nord-est), qui ne fait pas partie de la région autonome du Kurdistan irakien, est au cœur d’un contentieux entre Bagdad et Erbil que le récent référendum sur l’indépendance kurde, organisé le 25 septembre, a encore exacerbé. En hissant le drapeau irakien devant le siège du gouvernorat, où le drapeau kurde avait été retiré, Bagdad a voulu marquer le retour de son autorité dans cette province dont les Kurdes s’étaient emparés en 2014 dans le chaos né de la percée fulgurante de l’oganisation Etat islamique (EI). Son gouverneur, le Kurde Najm Eddine Karim, avait décidé d’y organiser le référendum kurde, contre l’avis de Bagdad qui l’avait ensuite limogé.

Dans une allocution télévisée mardi, le président irakien, Fouad Massoum, lui-même Kurde, a déclaré que « la tenue du référendum d’indépendance du Kurdistan a créé des différends dangereux entre le gouvernement central et le gouvernement du Kurdistan et a eu pour résultat la restauration du contrôle des forces de sécurité fédérales à Kirkouk ».

Les Kurdes divisés face à Bagdad

A l’exception de quelques échanges de tirs et accrochages, la progression des forces de Bagdad a été facilitée par le retrait des positions qu’ils contrôlaient des peshmergas alliés à l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) — parti rival du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), du président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, à l’initiative du référendum du 25 septembre. Un responsable de la santé kurde a toutefois fait état de dix peshmergas tués.

Des milliers d’habitants ont fui lundi les quartiers kurdes de Kirkouk pour se diriger vers Erbil et Souleimaniyeh, les deux principales villes du Kurdistan, dont le gouvernement est en conflit ouvert avec le pouvoir central de Bagdad. Assurant que la situation était stable, la police a appelé les habitants partis à revenir. Le retour de centaines de familles kurdes, selon des responsables locaux, permet notamment aux forces irakiennes de faire valoir qu’elles tiennent à la « coexistence » entre communautés qu’elles ont appelé à préserver depuis le début des mouvements militaires.

Dans un communiqué, les peshmergas ont réagi aux pertes de territoire, disant que le gouvernement irakien allait « payer cher » cette opération « de guerre contre le peuple du Kurdistan ». Ils accusent par ailleurs une partie de l’UPK d’avoir « trahi » en aidant les forces irakiennes. Une branche de l’UPK est en effet réputée plus proche du camp chiite et se montre plus conciliante envers Bagdad à propos de Kirkouk. Le premier ministre irakien, Haïdar Al-Abadi, avait appelé les combattants kurdes à se ranger sous la bannière des forces armées irakiennes et à servir les autorités fédérales.

« Eviter une escalade »

Ces dernières semaines, les tensions entre les deux pouvoirs se sont accrues en raison du référendum d’autodétermination, à la fin de septembre, dans la région autonome du Kurdistan irakien, où le oui l’a emporté avec 92,73 % des suffrages et un taux de participation de 72,16 %. Un scrutin rejeté par le pouvoir central de Bagdad.

Face à cette tension qui monte entre les deux gouvernements, la coalition internationale, emmenée par les Etats-Unis, a exhorté lundi les deux parties à « éviter une escalade ».

« Nous continuons de pousser au dialogue les autorités irakiennes et kurdes. Toutes les parties doivent rester concentrées sur la lutte contre notre ennemi commun, l’EI (acronyme de l’organisation Etat islamique), en Irak. »

Donald Trump s’est, en revanche, refusé à « prendre parti », tout en précisant que les Etats-Unis « n’aim [aient] pas » qu’Irakiens et Kurdes s’affrontent.

La Haute Représentante de l’Union européenne, Federica Mogherini, s’est entretenue avec le premier ministre irakien, Haider Al-Abadi, et a appelé les deux parties au dialogue.

La Turquie, qui compte une importante communauté kurde, a affiché son soutien à Bagdad. Ankara a ainsi décidé lundi de fermer son espace aérien à tous les vols à destination et en provenance du Kurdistan irakien. Elle s’est aussi dite prête à « coopérer » avec Bagdad pour chasser d’Irak, et particulièrement de Kirkouk, tous les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qualifié d’organisation « terroriste » par la Turquie.

Le Monde avec AFP et Reuters

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