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COMMUNICATION l'épitaphios : l'image,
PAR M. GABRIEL MILLET, MEMBRE DE l'aCADÉMIE
La broderie religieuse, de la fin du xme siècle au milieu du xvie a pris, dans les Balkans, un développement remarquable. L'auteur de la présente communication a réuni en un recueil, dont le commentaire s'imprime en ce moment, toutes les pièces qu'il a pu étudier au cours de ses voyages et de ses missions. Le groupe des épitapbioi méritait un traitement de faveur. La plupart sont connus depuis un certain temps, les plus beaux ont retenu l'attention des historiens de l'art : il était temps de reprendre les plus caractéristiques, et de les classer, d'en mettre en lumière la signification et l'usage liturgique. Pai*eille étude dépassait le cadre d'un simple recueil. L'Académie voudra bienen accepter l'hommage. Elle nous permettra d'en séparer les deux chapitres, et de nous borner aujourd'hui à la composition.
La figure essentielle en est le Christ mort, étendu sur le linceul ou sur la « pierre de l'onction ». Sur les monuments antérieurs, l'image douloureuse reste isolée. Dans notre série, dès le début, vers la fin du xiue siècle, elle commande de nombreuses figures : anges et puissances, d'abord ; puis, à l'adoration mystique s'ajoute la douleur humaine, aux immatériels les compagnons terrestres qui ont assisté Jésus, lui ont rendu les derniers devoirs, sa mère, les saintes femmes, les deux disciples. On les avait groupés déjà autour de la victime dans le cycle évangélique. Ils apparaissent pour la première fois sur nos broderies en 1396, à Cozia, et trèsprobablementen 1397, à Chilandar(épitaphios, n° 2). Changement remarquable, qui nous invite à consulter les livres liturgiques, en particulier, le Triodion, pour y étudier, au Samedi Saint, l'office du matin, Yorthros. Ce grand jour, le canon à neuf odes, création solide de Damas- cène et de Cosmas, ne se chante point seul. Un autre