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UN PKOCONSUL d'aFRIQUE MÉCONNU, EGRIL1US PLARIANUS, PAR M. ALFRED MERLIN, MEMBRK DE L'ACADÉMIE.
Vers 1690, le bey Mohammed, fils de Mourâd II, a fait construire en Tunisie, sur la Medjerda, à deux kilomètres au Sud-Est de Tebourba, un grand pont-barrage, en un point qui fut dénommé ensuite El-Batân (la foulerie). Une partie des pierres nécessaires pour ce travail fut tirée de ruines antiques : de ruines voisines, comme celles de Thu- burbo Minus et de Thibiuca ; de ruines plus lointaines, telles que celles de Thignica (Aïn-Tounga) et d'Avitta Bibba (Henchir-Bou-Ftis, dans la plaine du Fahs) '.
En ce qui concerne ces deux dernières cités, cet emprunt de matériaux ressort à l'évidence des deux constatations suivantes : on a trouvé à El-Batân des blocs qui portent leur nom; de plus, ces blocs appartiennent à des textes dont d'autres fragments ont été copiés sur le site même, bien identifié par ailleurs, de ces villes.
Pour Thignica, M. Louis Poinssot, correspondant de l'Académie, a fait connaître ici, au début de cette année, un fragment d'inscription au nom du proconsul C. Annius Anullinus, découvert par le docteur Marcel Sicart dans un des radiers du pont d'El-Batân, le deuxième à partir de la rive gauche ; il donne le nom des Thignicenses- et se rattache à un texte dont un autre morceau a été signalé maintes fois, au cours des xvnie et xixe siècles, parmi les ruines du temple* hexastyle prostyle d'ordre corinthien qui domine les ruines de l'ancienne Thignica 3.
M. L. Poinssot a rappelé en même temps, selon l'opinion communément admise, qu'un édifice élevé en 159 de notre ère, par le municipium Avitta Bibba, comportait deux frises architravées sur chacune desquelles était gravé un texte
1. Cf. L. Poinssot, Revue tunisienne, 1941, p. 271 etsuiv.
2. Comptes rendus de VAca,d. des Inscr., 1942, p. 26 à 30 ; cf. Revue tunisienne, 1941, p. 275 et suiv.
3. C. /. L., VIII, 141 1 et 14910 a.