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COMMUNICATION

LES ACTES DE PHILIPPE AUGUSTE, REFLET DE LA VIE MONARCHIQUE PENDANT UNE CRISE, PAR M. CH. PETIT-DUTAILL1S, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.

Il y a quatre-vingt-un ans, en 18S6, Léopold Delisle a publié un Catalogue des Actes de Philippe Auguste, excellent pour l'époque. L'Académie, quelques années avant la guerre, a décidé de donner une édition intégrale de ces Actes. Elle comprendra environ 1 .800 diplômes, lettres, mandements, procès-verbaux, répartis en quatre tomes in-4°. Le deuxième volume sera bientôt envoyé à l'impression. Il a pour termes chronologiques 1194 et 1206, la seizième et la vingt-septième année du règne.

Ce qui donnera sans doute à ce volume un attrait singulier, c'est l'intérêt tragique de ces douze années. C'est une période de crise. Philippe Auguste lutte pour sa couronne contre Richard Cceur de Lion ; débarrassé par un hasard de ce rival redoutable, et mis en face du demi-fou Jean sans Terre, il le dépouille en quelques années de la Normandie et des provinces de la Loire : l'Empire angevin s'écroule. On a peut-être le droit de dire que s'il faut chercher une date au commencement véritable de notre histoire nationale, c'est pendant ces années-là qu'elle a commencé.

Les actes émanés de la Chancellerie donnent-ils, a côté des riches chroniques de cette époque et indépendamment d'elles, une image de la vie monarchique pendant cette crise, ou bien n'y trouve-t-on que des détails médiocres ?

Au premier abord, on est quelque peu découragé par l'apparente insignifiance historique de la plupart des pièces, par l'humilité et la platitude des intérêts débattus. Ici un accensement, un échange de terres, un règlement de droits d'usage, d'innombrables actes de juridiction gracieuse ; là une fondation de prébende ou l'ordre de reconstruire un moulin à une autre place.