LES
PRIX DE VERTU EN CHINE
PAR
M. EDOUARD CHAVANNES
MEMBRE DE L'ACADÉMIE
Si un philosophé s'avisait de parcourir la série des discours annuels dans lesquels l'Académie française, pour se conformer aux volontés dernières de M. de Montyon, fait l'éloge des actes méritoires qu'elle récompense, il ne manquerait pas d'y trouver matière à observation psychologique. Je ne veux point insinuer qu'il y recueillerait parfois des révélations curieuses sur les âmes des académiciens ; je n'entends parler ici que des personnes qui sont l'objet de ces panégyriques. A voir quelle est leur condition, quel est leur âge et leur sexe, quelle forme prend leur dévouement et quels sentiments motivent leur conduite, on devine ce que doit être l'état social au milieu duquel elles se sont trouvées. Autre étant la civilisation, autre serait la vertu. C'est ce dont on peut se convaincre en jetant les yeux sur ce vaste Empire chinois, dont la population, plus nombreuse que celle de l'Europe entière, obéit dans sa vie à des principes directeurs qui nous sont étrangers.
Pour édifiante que soit la lecture de notre Journal officiel, ce n'est pas là que nous allons le plus souvent chercher des leçons de morale. En Chine, au contraire, c'est la vénérable Gazette de Péking, qui, parmi tous les
1904. 43