Turquie : Erdogan étend la purge jusque dans ses rangs

Le parti au pouvoir veut se débarrasser des sympathisants du prédicateur exilé aux États-Unis Fethullah Gülen, accusé d'être derrière le putsch manqué.

Source AFP

L'AKP, le parti au pouvoir du président turc Recep Tayyip Erdogan, va mener dans ses rangs une purge après le putsch raté du 15 juillet.
L'AKP, le parti au pouvoir du président turc Recep Tayyip Erdogan, va mener dans ses rangs une purge après le putsch raté du 15 juillet. © Anadolu Agency

Temps de lecture : 3 min

Le parti au pouvoir en Turquie a élargi vendredi jusque dans ses propres rangs la purge des sympathisants du prédicateur exilé aux États-Unis Fethullah Gülen, qui a protesté contre le mandat d'arrêt émis à son encontre par Ankara. Les relations d'Ankara avec les capitales étrangères ne se sont pas améliorées tandis que de vifs échanges avaient lieu avec Vienne et que Washington ne confirmait pas la visite en Turquie de son secrétaire d'État John Kerry.

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Le Parti de la justice et du développement (AKP) a ordonné que ses rangs soient « nettoyés » des sympathisants du prédicateur Fethullah Gülen accusé d'être derrière le coup d'État depuis son exil en Pennsylvanie, a annoncé l'agence pro-gouvernementale Anatolie. L'AKP va ainsi être également touché par la traque implacable menée depuis le coup d'État raté du 15 juillet et qui s'est soldé par au moins 60 000 limogeages, arrestations et gardes à vue – surtout dans l'armée, la justice, la presse et l'éducation. Signée par le numéro deux du parti, Hayati Yazici, une circulaire de l'AKP « ordonne l'urgent nettoyage de l'organisation du parti », « afin d'en éliminer ceux qui sont liés à l'organisation terroriste Fethullah ». Cette appellation a été forgée par Ankara pour désigner les « gülénistes », accusés d'avoir noyauté les institutions et la société turques en créant un « État parallèle ».

Mandat d'arrêt à l'encontre de Fethullah Gülen

Fethullah Gülen était un proche allié d'Erdogan avant leur rupture en 2013 après un scandale de corruption. Il a vivement réagi vendredi à l'annonce que la Turquie venait de lancer contre lui un mandat d'arrêt dans la perspective d'une demande officielle d'extradition auprès des États-Unis. « Le système judiciaire turc n'est pas indépendant, donc ce mandat d'arrêt est encore un exemple de la tendance du président Erdogan à l'autoritarisme et aux écarts vis-à-vis de la démocratie », a-t-il dit dans un communiqué.

Fethullah Gülen a rappelé avoir « condamné à plusieurs reprises la tentative de coup d'État » et nié « toute implication ». La purge en cours, qui a provoqué de vives protestations à l'étranger, n'a encore touché que « le sommet de l'iceberg », a averti jeudi soir le président Erdogan. Vendredi, 12 des 14 journalistes du quotidien Zaman qui étaient en garde à vue ont été placés en détention préventive.

LIRE aussi Turquie : le deuxième coup d'État

La Turquie et l'Autriche ont à nouveau eu vendredi des échanges fort peu diplomatiques, au lendemain d'une vive passe d'armes sur les négociations d'adhésion turques à l'Union européenne, devenues « une fiction » selon Vienne. « Le racisme est l'ennemi des droits de l'homme », a lancé le chef de la diplomatie Mevlut Cavusoglu à la télévision TGRT. « Le chancelier autrichien (Christian Kern) ferait mieux de regarder son propre pays. Aujourd'hui l'Autriche est la capitale du racisme radical ». Son homologue autrichien Sebastian Kurz a immédiatement réagi sur Twitter : « J'appelle instamment le ministre des Affaires étrangères (turc) à faire preuve de retenue et rejette fermement ses critiques. La Turquie doit modérer (...) son langage et ses actes. »

John Kerry bientôt en Turquie ?

Le président Erdogan a reproché amèrement aux Occidentaux de ne pas l'avoir soutenu après le putsch raté et de ne pas être venus le voir. C'est le secrétaire d'État américain John Kerry qui pourrait être le premier haut responsable occidental à venir en Turquie. Du moins à en croire Ankara. John Kerry viendra le 24 août, a assuré Mevlut Cavusoglu après qu'Erdogan a évoqué la date du 21, tandis que Washington ne confirmait pas un tel déplacement.

Cette visite, si elle a lieu, interviendra alors que les relations entre la Turquie et les États-Unis sont sérieusement ébranlées par la demande turque d'extradition de Gülen. Les plus hauts responsables turcs l'ont déjà réclamée maintes fois à Washington. Parfois avec virulence : le président Erdogan a accusé les États-Unis de « cacher » Gülen et de « lui offrir un refuge ». Le gouvernement américain a répété jeudi que cette procédure juridique prenait du temps. Le ministère de la Justice « essaie toujours de déterminer si les documents fournis (par Ankara) constituent une demande formelle d'extradition », a expliqué Mark Toner, porte-parole du Département d'État.

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Commentaires (17)

  • antidote

    Staline en a fait tout autant et c'est peut être le signe qu'un dictateur est entrain de se rendre maître de la Turquie avec l'aide de l'occident mais quelle sera la suite aurait il une stratégie et faire de l'Europe, envahie de tous ces immigrés musulmans son plan de bataille ? De faire alliance avec l'Iran et son intention de devenir la prochaine nation susceptible de détenir l'arme nucléaire !

  • H2SO4

    Moi cette situation me rappelle Munich 1938, peut être sans guerre au bout mais quand même...
    De toutes façons, ça a l'air de plaire à beaucoup de monde, comme en...

  • 1946halloechen20

    A fini par signer sa propre exécution